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Le petit monde de Greg
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23 juin 2005

Le Calice des Brumes III

Le roi Hilerm leva les yeux du parchemin qu’il étudiait et s’enfonça un peu plus profondément dans son fauteuil. La lassitude le gagnait. Dehors un soleil radieux illuminait tout le pays. Le début du printemps avait trouvé le royaume dans sa paix et sa sérénité habituelle et tous les habitant célébraient son retour par des rires et des chants.
Hilerm se souvenait des temps où lui aussi fêtait l’arrivée des beaux jours. Les feux de joie qui duraient toute la nuit, ses ébats avec les dames de la cour. Mais son père était mort et il avait repris sa charge comme le voulait la tradition. Fini alors les célébrations insouciante. Depuis bien trop longtemps.
De l’extérieur du cabinet un bruit attira son attention. Des éclats de voix qui se rapprochaient. Il avait demandé à ne pas être dérangé. Le garde repousserait l’importun. Il tenta de revenir à la lecture du parchemin. Sans succès. L’importun était à sa porte… qui s’ouvrit à la volée comme sous une poussée prodigieuse, dévoilant un vieillard chétif appuyé sur un vénérable bâton et le garde, penaud, qui s’empressa de s’excuser :
« Il insiste pour vous voir. Je n’ai pas pu…
_ Ce n’est rien, répondit le roi. Laissez-nous. »
Le garde obtempéra et referma la porte du cabinet, isolant le roi et son visiteur du reste du palais. Le vieillard, d’un âge incalculable, s’avança vers le bureau. Il avait la démarche de ses années mais sa posture et son visage attestaient d’un pouvoir et d’un charisme inaltérés. Il était le Grand Mage du royaume, chef du conseil des sage et gardien de la sagesse des anciens.
« Feldorf, lança le roi sans se lever, que me vaut le plaisir de cette irruption ?
_ Majesté, répondit le mage avec un simulacre de salut, je n’aurais pas procédé de la sorte si l’urgence de la situation ne le réclamait. »
Le roi se redressa à demi. Il était habitué aux frasques des mages. Tous les ans, la préparation des festivités de printemps les mettait sur les nerfs et tout devenait d’une extrême urgence. Mais cette fois une note de réelle inquiétude sourdait des paroles du vieillard.
« Que ce passe-t-il de si urgent ? demanda-t-il.
_ Greolf est mort ! »
Il avait lâché cette information comme on lâche le couperet d’une guillotine. Et le roi en fut pétrifié. « Greolf ? murmura-t-il. Comment ?… Comment peux-tu le savoir ? » Il ne connaissait que de nom le mage dont il était question. Le secret autour de sa caste confinait presque à la légende l’existence même du mage gardien.
« Tous le conseil l’a senti, répondit simplement Feldorf. Sa mort est d’ordre magique.
_ Ce qui signifie…
_ Oui. La cité des brumes est tombée. Meragor ne tardera pas à en prendre le pouvoir. »
Dehors les rires et les chants continuaient. Tous les habitants du royaume préparaient la grande fête du printemps sans se douter un seul instant qu’elle serait peut-être la dernière. Car dans la lumière ressuscitée, l’ombre venait de se manifester.

   ***  ***  ***  ***

Le prince Félois retrouva avec plaisir la quiétude de ses appartements. Il dénoua sa cape et la jeta négligemment sur l’un des larges fauteuils avant de s’approcher de la fenêtre ouverte. Des cris montaient de la cour en contre bas. Plus loin, au delà des imposantes murailles de la ville, son regard se porta sur les immenses étendues de champs prospères et de vergés en fleurs. Son pays, son royaume, était magnifique. Il aimait par dessus tout cette saison, resplendissante entre toutes, où la nature semblait renaître de ses cendres. Mais aujourd’hui, toutes les beautés du royaume ne parviendraient pas à calmer l’inquiétude qu’il portait dans le creux de son ventre. Depuis le grand conseil. Depuis l’annonce du roi.
Un conseil avait été réuni en hâte. A ce moment de l’année, convoquer tous les grands du royaume en une session extraordinaire ne pouvait signifier qu’un événement dramatique. Tout le monde était là. Le roi, bien-sûr, ainsi que le Grand mage. Gilliad, conseillé personnel du roi, était présent lui aussi. Aldus et Elias, des comtés de Frenor et d’Aquines, occupaient leurs places habituelles. Teles, le jeune comte de la province de Deleol, faisait les cents pas prés de la fenêtre. La patience n’avait jamais été son fort.
Mais dés qu’il était entré dans le salle du conseil, Félois avait su que quelque chose n’allait pas. Hector et Féléo, des royaumes voisins, se trouvaient là, eux aussi. Retenant avec peine l’expression de surprise qui menaçait de déformer son visage princier, il avait gagné rapidement sa place et le Roi avait pris la parole :
« Bien, avait-il dit, puisque nous voilà tous réunis, je dois vous annoncer une nouvelle d’importance. » Il s’interrompit un instant, cherchant ses mots puis finit par lâcher simplement : « Greolf est mort et la Cité des Brumes est tombée aux mains de l’ennemi. »
Il y eut un silence, lourd, pénible, alors que Félois et les autres tentaient d’appréhender la chose. Puis le silence se déchira en un rugissement assourdissant. Le prince comprenait soudain l’hésitation de son Père. Et la convocation du conseil trouvait aussi tous son sens.
La suite du conseil fut des plus houleuse. On ne savait rien de la Cité des Brumes. Personne ne connaissait son emplacement exact et ce mystère avait longtemps été leur plus puissant allié. Mais aujourd’hui…
De retour dans ses appartements, il ne pouvait que contempler l’horreur absolue de la situation. Car ce même mystère interdisait toute action de leur part. Ils ne pouvaient que se préparer de leur mieux à la guerre qui allait venir. En se raccrochant à l’espoir dont le Grand Mage avait parlé. Un espoir fou auquel tous pourtant voulaient croire. Les mages avaient apparemment eu recours à leur défense ultime. Et leur destin à tous dépendait de ce dernier mystère.

To be continued (or not to be that is the question...)

blabla légal comme d'hab

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Commentaires
C
Ben... comment que tu veux le prononcer?...<br /> Téless...<br /> Why?
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J
comment tu prononce : Teles ?
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C
Merci pour cet encouragement. Je ne sais pas si un éditeur me remarquera mais sinon je passe déjà de trés bon moments en écrivant.<br /> <br /> a+<br /> <br /> Ced
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M
C'est bien ecrit je trouve ! :-)<br /> Moi-meme j ecris des poèmes et quelques nouvelles. Sincèrement j espère qu'un editeur vous remarquera.<br /> Bonne soirée :-)
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