La Faute
Dans le jardin d’Eden, Eve se promenait,
Ecoutant les oiseaux qui autour d’elle chantaient
La douceur d’un printemps que personne ne nommait.
L’hivers n’existait pas, pourquoi s’en inquiéter ?
Levant une main gracile, elle cueillit sans effort
Un fruit qui passait là, sur sa branche courbée.
Le portant à sa bouche elle mordit doucement
Savourant le plaisir de ce goût si sucré.
Au bout de son chemin était un arbre immense
Couvert de pommes rouges, ployant ses vertes branches
Elle s’approchait souvent de se pommier secret
Mais de cueillir ses fruits se serait bien gardée.
Le geste était proscrit, l’acte ne serait pas
Mais elle s’en approchait, doucement, pas à pas
Et elle se demandait, lâchant bride à son rêve
Quels mystères coulaient dans cette verte sève.
Ainsi était-elle faite, et l’homme à son image,
Que son esprit fécond, plein de curiosité
La poussait dans les bras de l’éternel voyage :
Contempler toute chose et percer ses secrets.
Un serpent passait là, animal innocent,
Vers ses propres ébats, il partait, insouciant.
Eve le vit soudain et lui parla tout bas
De ses pensées secrètes… de la curieuse loi.
« J’ignore pourquoi, dit-elle, l’Arbre se trouve là,
Tentateur permanent et d’Adam et de moi.
Car s’il ne faut goûter à ces fruits défendus
Que ne l’a-t-Il soustrait, au moins, à notre vue ?
Je vois dans ton regard, des mots la pertinence,
Qu’à tes yeux cette loi n’a pas le moindre sens.
Que dis-tu mon ami ? Tenter une expérience ?
Goûter un de ces fruits, toucher la connaissance ? »
Et soudain elle le fit, goûta et découvrit
Que la pomme défendue n’était qu’un simple fruit.
Pour en être certaine, à Adam elle l’offrit
Qui la prit pour une poire, et mangea tout le fruit.
Dieu qui, tous les dimanches, s’allongeait prés de l’Arbre
Découvrit le forfait et pesta dans sa barbe
Grande fut sa colère, et à grands coups de pieds
Il chassa les fautifs du jardin profané.
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