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Le petit monde de Greg
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17 avril 2005

Qui trop se hâte reste en chemin (proverbe populaire)

Il fut un temps, fort lointain – si lointain que lui donner date serait hasardeux – où la magie régnait en notre monde comme argent et politique y règnent aujourd’hui. Si vous en doutez, demandez donc aux montagnes, aux rochers abrupts et aux pierres des chemins. Eux seuls ont assez de mémoire. Tendez l’oreille, écoutez avec attention, et peut-être, s’ils vous en croient digne, une vieille légende émergera de ces vieux témoins.
En ces temps reculés vivait un jeune garçon du nom d’Arthur. Fils d’un modeste fermier, il rêvait de chevalerie et de vastes chevauchées en de lointains pays. Mais sa famille n’étais pas riche et pour seule monture ils ne possédaient qu’un vieil âne famélique qui n’y voyait plus très clair. Pourtant, après s’être acquitté des travaux de la petite ferme, quand le soir s’annonçait aux portes de la vallée, il aimait emmener son fier destrier sur les routes forestières. Son imagination peuplaient de brigands et de dragons ces bois sombres et il partait en croisade pour protéger son pays, sa foi et les gens de son village. Puis, après d’harassants combats, la nuit le surprenait et il rentrait à tâtons, tirant son âne par la bride. Et chaque soir avant de s’endormir, il priait le ciel de donner à son destin la grandeur à laquelle son cœur aspirait.
Péregrin le vénérable, seigneur de ces terres prospères où vivait Arthur, commençait à sentir que l’âge pesait lourdement sur ses épaules. Il avait vécu de longues et merveilleuses années. D’abord aux côtés de son épouses Hélène qui avait été son soleil et ses étoiles. Puis Hélène avait transmis son dernier souffle à Guenièvre, leur seul enfant. Inconsolable, Péregrin avait obstinément refusé de reprendre femme et il avait élevé seul sa fille qui avait grandi dans son amour et ses valeurs. Et elle lui avait offert de grands bonheurs.
Ainsi, alors qu’il sentait poindre le crépuscule de son existence terrestre, Péregrin le vénérable ne souffrait d’aucun regret. Mais il n’avait pas plus d’héritier. Sa fille était merveilleuse mais, lorsqu’il irait rejoindre sa femme, elle serait contrainte de prendre époux parmi les seigneurs voisins ou, tout au moins, dans la chevalerie du pays. Ainsi était faite la loi que le temps avait rendue incontestable.
Et il avait beau chercher, il ne se voyait entouré que de brutes bornées et, pour la plupart, plus imbibées d’alcool qu’une éponge oubliée dans une outre de vin. Léguer sa fille et son royaume à de tels individus semblait une triste perspective.
Un matin, il fit appeler son conseiller personnel. C’était un homme à la sagesse éprouvée en qui il avait pleine confiance. La légende prétendait qu’il avait vécu de nombreuses années en ermite au milieu d’une forêt et qu’il y avait appris le sens des plus grands mystères.
A la convocation de son seigneur, il se présenta sans retard.
« Merlin, mon ami, dit Péregrin, un grave problème hante mes rares heures de sommeil et je voudrais solliciter ton aide. » Et il lui expliqua la cause de son trouble.
A la fin de l’exposé, le sage se leva de son siège et fit quelques pas jusqu’à la fenêtre. Sous ses yeux s’étendait une vallée prospère où de valeureux fermiers s’affairaient à faire sortir de terre des richesses sans nombre.
« J’ai peut-être la solution à ton problème, dit-il au bout d’un moment. » Puis il revint s’asseoir et exposa son idée.
Le lendemain, Péregrin le vénérable faisait réunir tous les habitants sur la place du village. L’affaire semblait d’importance et tous avaient délaissé les travaux des champs pour répondre à la convocation. Et sur la place surpeuplée, les rumeurs allaient bon train. Arthur était présent, bien-sûr, avec toute sa famille. Et ses oreilles grandes ouvertes captaient toutes les bribes d’information qui passaient à sa portée. « C’est la guerre, c’est sûr ! disait l’un. Il paraît que le vieux Péregrin est mourant, lançait un autre. » Pour un groupe il s’agissait d’un vol de grains, pour un autre d’un braconnage dans la forêt. Arthur ne savait trop quoi penser et il venait de décider que tous ces ragots ne valaient rien quand le seigneur apparut à l’entrée sud de la place, entouré de deux chevaliers en armure.
D’un pas lent et cérémonieux, il s’avança vers ses sujets et prit la parole d’une voix forte qui faisait douter de son grand âge.
« Mes amis, je viens vers vous en un temps de grand besoin. Cette année les cultures semblent prometteuses et la maladie loin de nos troupeaux. Hélas, nos mages ont lu dans les étoiles que viendra bientôt une grande calamité. Elle entraînera dans son sillage famine et grande misère. » Un murmure de terreur parcouru la foule mais Péregrin le fit taire d’un geste de la main avant de reprendre : « Mais les mages ont indiqué un moyen de préserver nos terres de cette menace. Il existe en ce pays une coupe merveilleuse et dotée de grands pouvoirs magiques. Elle peut nourrir ceux qui ont faim et guérir les mourants. Mais cette coupe ne peut se révéler qu’aux humbles et se dissimule aux yeux des chevaliers. Aussi c’est à vous, peuple valeureux, qu’appartient de préserver cette terre du fléau qui vient. Que tous les volontaires partent aujourd’hui même sur les routes pour découvrir la sainte coupe. J’élèverais personnellement au rang de chevalier quiconque m’apportera ce joyaux. Allez, et que les dieux guident vos pas. » Sur ce il fit demi – tour et retourna au château.
A peine était-il parti que les hommes du village se dispersaient et courraient à leurs meilleurs chevaux pour se mettre en route. En quelques instants, Arthur se retrouva seul sur la place. Il était confus. C’était enfin sa chance de devenir chevalier mais il n’avait que son vieil âne presque aveugle et nombre des jeunes gens du village possédaient des chevaux forts et robustes. Il n’avait pas la moindre chance.
Il en était là de ses sombres réflexions, assis sur le bord de la petite fontaine au centre de la place, les épaules basses, lorsqu’une voix inconnue vint le ramener à la réalité.
« Tu n’es donc pas parti en quête de la coupe ? »
Levant les yeux, il vit une jeune femme fort gracieuse qui l’observait d’un regard plein de malice. « Aurais-tu peur ? demanda-t-elle. Ou bien es-tu trop paresseux ? »
Étrangement, les paroles le cette inconnue filèrent droit à son cœur et le blessèrent durement. Sans un mot, il se leva et partit chercher son âne, accompagné par le rire de la jeune femme.
Le village était lové au creux d’une petite vallée verdoyante dont on ne pouvait sortir facilement que par un unique chemin qui passait au creux de la grande forêt. Et au bord de ce chemin, un vieillard était couché sur le côté, râlant, soufflant et, lorsque ses forces le lui permettaient, appelant à l’aide. Tous les cavaliers partis chercher la coupe passèrent devant lui sans s’arrêter. Sans même lui accorder un regard compatissant. Ils passèrent prés de lui, couvrant ses vêtements mités de a poussière du chemin.
Et sur ce chemin, monté sur son âne presque aveugle, Arthur finit par passer lui aussi. Et Arthur vit le vieil homme et ne put se résoudre à poursuivre plus loin. Il descendit de son âne, aida le vieil homme à se relever et épousseta ses vêtements avant de l’aider à monter sur l’âne. Puis, tenant son animal par la bride, à petit pas il revint vers le village, oubliant un instant sa quête et ses rêves.
Il amena l’homme jusque chez lui. Et lorsqu’il arriva, il l’aida à descendre et demanda à sa mère si elle pouvait trouver un morceau de pain. Le vieil homme mangea son pain, bu l’eau du puits qu’on lui apporta… et se débarrassa de ses vêtements, laissant apparaître sa tunique de mage.
Alors, stupéfait, Arthur reconnu Merlin. Celui-ci se leva et s’approcha du jeune homme en fouillant dans sa tunique. Sous les yeux de la petite famille, il lui tendit une magnifique coupe d’or incrustée de pierres précieuses.
Et monté sur son âne presque aveugle, Arthur porta la coupe au seigneur qui l’accueillit avec joie. Et Péregrin le vénérable le fit chevalier et lui donna la main de sa fille… de la fille de la fontaine.
C’est ainsi que la légende du roi Arthur et de la reine Guenièvre est racontée par les montagnes, les rochers abrupts et les pierres des chemins qui en ont été les témoins privilégiés. Ils racontent aussi que les chevaliers qui passèrent sans s’arrêter à côté du vieillard cherchèrent la coupe durant de nombreuses années. Et que certains la cherchent encore.

blabla juridique habituel au lien "tous droits réservés"...

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Commentaires
S
tes écrits... ! Bravo! <br /> @+<br /> Shakti
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S
Je pense avoir gardé une âme d'un enfant, je viens de lire cette légende avec le plus grand des intérêts! C'est vrai que l'on sait peu de chose des débuts de la légende d'Arthur!<br /> Merci de m'avoir offert ce moment de lecture!<br /> Bonne fin de week-end! Shakti
Répondre
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