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Le petit monde de Greg
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29 novembre 2006

Le Calice des brumes VIII - BIS

La situation avait quelque chose d'irréel. Les trois moines s'étaient installés sur le canapé du salon, Sélène occupait l'un des fauteuils et Greg et Victor avaient préféré rester debout. Eloi n'avait fait aucun préambule avant d'attaquer un récit qui tenait de la science fiction :
« L'ordre auquel nous appartenons fut fondé il y a plusieurs siècles par des voyageurs venus d'un autre monde. » Greg commençait à se demander s'il ne devait pas mettre tout le monde à la porte. « Leur pays avait été la proie d'une redoutable invasion et leur mission était d'établir ici un bastion de sauvegarde, un ultime recours en cas de nouvelle invasion.
_ C'est un peu confus, intervint Sélène qui semblait pourtant très à son aise.
_ Veuillez m'excuser, répondit Eloi en souriant. Nous n'étions pas préparé à ça… Le monde dont je vous parle est un lieu où règne la magie. Selon toute vraisemblance, la technologie y est pratiquement absente.
_ Selon toute vraisemblance ? coupa Greg. Vous êtes les gardiens de ce monde et vous ne savez rien de lui ?
_ Laissez-moi continuer, les choses devraient s'éclairer d'elles-mêmes. Ce monde est organisé en royaumes dirigés dont les rois sont conseillés par de puissants mages dotés de grands pouvoirs magiques. Voilà l'état de ce monde il y a de ça… 8 siècles. La magie présente de grands intérêts, mais le revers de la médaille c'est qu'elle permet l'existence d'êtres monstrueux et hostiles. A l'époque dont je vous parle, le royaume d'Ebbala, alors le plus puissant de tous, fut la cible d'une grande invasion de démons marins. Les démons finirent par être repoussés mais la capitale du royaume a bien faillit tomber. Or, dans cette capitale, les mages conservaient un précieux trésor : un calice aux pouvoirs incommensurables. On raconte même que les mages tiennent leur propre pouvoir d'une cérémonie qui a lieu chaque année lors de la pleine lune qui suit l'équinoxe de printemps. Si le calice était tombé aux mains des démons, les conséquences auraient été terribles. Les mages prirent donc la décision de le dissimuler. Une citée entière fut bâtie et cachée. C'est en cette citée perdue que, chaque années, les cérémonies de printemps se déroulent en secret pour préserver l'équilibre du monde. Mais il ne fallait prendre aucun risque. Dans cette citée se trouve aussi une porte d'un genre particulier. Elle n'a qu'un usage : permettre de passer de ce monde au notre. Une porte similaire se trouve dans notre monastère. Traversant cette porte, une partie des mages passa en notre monde et fonda notre monastère. Depuis, personne n'a plus franchi le passage et nous nous transmettons les valeurs et règles de notre ordre pour que, le jour venu, une armée traverse vers la citée perdue pour lui porter secours…
_ Une armée ? releva Victor. Vous entretenez une armée secrète ?
_ Une armée selon les textes sacrés, répondit doucement le moine en souriant. Ils ne sont qu'une centaine mais nous avons des armes modernes… Et depuis la dissimulation du calice, les mages de l'autre monde ont pris la décision d'entraver les progrès technologiques de leur civilisation… Cela vous paraît sans doute peu louable. Mais nous n'aurions aucun pouvoir à opposer à un ennemi qui disposerait sans doute du calice… En ce cas, l'avance technologique est notre seul atout… »
Le moine se tût et le silence soudain se fit pesant. Victor et Sélène observaient leur ami à la dérobée. Ils avaient en tête la prédiction de la veille, cela ne faisait aucun doute. Greg, lui, ne pensait qu'à sortir. Quitter cet appartement qui semblait rétrécir à vue d'œil.
« Et qu'est-ce que j'ai à voir là-dedans ? lança-t-il finalement. » La question était lâchée et, à voir le petit sourire qui se dessina sur les lèvres d'Eloi, le moine l'attendait avec impatience.
« Hier j'ai eu… une transe, répondit-il. Nous savons que la Cité est tombée aux main de nos ennemis. Si tout s'était déroulé comme prévu, le grand mage de la Cité aurait fait ouvrir la Porte et nous aurions fait donner les renforts… Mais la porte ne s'est pas ouverte… Nos troupes sont prêtes mais nous ne pouvons les faire traverser… A moins de disposer de la clé que vous possédez. »
En d'autres circonstances, Greg aurait dû se retenir de rire devant la stupeur évidente de Victor et de Sélène. Mais, là, il dû s'asseoir précipitamment. Non qu'il fut abasourdi. En fait, les choses commençaient à prendre une place des plus logique. Mais tout semblait justement s'emboîter avec une telle précision que son appartement était devenu brusquement minuscule. Il ne maîtrisait plus rien.
« Tu pourrais nous expliquer ? demanda Victor en le regardant avec insistance. »
Greg n'en avait aucune envie. Mais il ne pouvait plus reculer à présent. Il prit une inspiration et plongea la main dans sa poche. Une seconde plus tard, la pierre était révélée. Devant l'assistance silencieuse, elle se couvrit d'un timide reflet bleuté, comme si elle s'éveillait doucement.
Les trois moines se levèrent, aussitôt imités par Victor et Sélène. « C'est elle ! murmura Trévor.
_ Cela ne fait aucun doute, acquiesça Eloi sur un ton presque religieux. Sentez-vous sa pulsation ? »
Greg hocha la tête. La pierre reposait dans sa paume et il la sentait vibrer doucement. Elle semblait presque vivante et il eut soudain l'impression que cette petite créature se lovait dans le creux de sa main, cherchant sa protection.
« Où est-ce que tu as eu ça ? demanda soudain Victor, le tirant de ses réflexions.
_ Elle m'est… tombée dessus ! répondit-il. » Elle vibrait toujours et se couvrait périodiquement de ces petites lueurs bleues. Un instant il eu l'impression que la vibration se communiquait à son corps.
« Tu l'avais dans ta poche hier soir ? intervint Sélène.
_ Oui, pourquoi ? » Avait-il rêvé ou avait-il réellement vu ce reflet bleu sur son avant bras ?
_ Parce que, reprit la jeune femme, il me semble que, au moment de ton « malaise », tu avais la main dans ta poche…
_ Quel malaise ? s'enquit Eloi. »
Greg laissa le soin à ses amis de relater les évènements de la veille. Il ne rêvait pas. Les reflets se propageaient dans son corps comme une curieuse contagion. Mais il n'avait pas peur. Son esprit observait le phénomène avec curiosité. La pierre vibrait toujours de la même façon mais il la sentait avec plus d'intensité.
Dans le salon Sélène terminait son récit et il entendit Eloi dire que cela risquait de modifier leurs projets. Il y eut une tension qui tira Greg de sa contemplation.
« Que voulez-vous dire ? demandait Victor.
_ Nous avions prévu de récupérer la clé et de retourner à notre monastère pour y ouvrir la porte, répondit Eloi. » Il se tourna vers Greg avant de poursuivre : « Mais il semble que la clé vous ai « choisi ». Et je ne me sens pas l'autorité d'aller à l'encontre de ce choix. »
La tension montait encore. « Avant de prendre la moindre décision, il va nous falloir comprendre ce qui est arrivé. » Personne ne se rendait-il compte que l'atmosphère devenait électrique ? « Pouvez-vous nous décrire ce que vous avez vu ? »
Greg n'en eu pas le temps. Il sentit soudain des picotements douloureux le long de sa colonne vertébrale. Au même moment, Gérard, le moine sévère, eut un mouvement de retrait et sortit de sa robe un revolver. « Nous n'aurons pas besoin de tout cela, déclara-t-il d'une voix forte. Je vais prendre la clé et nous en resterons là.
_ Gérard ? que… balbutia Eloi en reculant. Enfin, qu'est-ce que cela signifie ?
_ Tout simplement que votre rôle touche à sa fin. Les renforts ne seront pas nécessaires. J'ai attendu ce moment toute ma vie durant. » Il braqua son arme sur Greg : « Donnez-la moi ! »
Greg ne réagit pas. Il ne parvenait même pas à envisager de céder la pierre. L'autre réitéra son ordre mais le jeune homme se contenta de le dévisager. Il n'y avait pas l'ombre d'une crainte sur son visage. Le moine renégat, lui, s'échauffait visiblement. Il y eut une nouvelle tension, de nouveaux élancements dans sa colonne. Et puis tout alla très vite. Trévor sortit soudain de sa torpeur et se jeta sur Gérard. Celui-ci n'avait pas prévu ce geste de la part de son condisciple. Il y eut une terrible bagarre au cours de laquelle le revolver sembla changer plusieurs fois de mains. Alors que les autres retenaient leur souffle, Victor quitta sa place et contourna discrètement les combattants. Il y eut un coup de feu. Puis un profond silence. Le corps de Trévor s'affaissa et le moine glissa sur le sol où son sang commença à se répandre. Et enfin un gong retentissant qui fit sursauter tout le monde. Ce fut au tour de Gérard de s'effondrer. Debout derrière lui, Victor brandissait une poêle à frire.

A Suivre...

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Commentaires
N
Je veux la suite!!! Je suis curieuse et j'ai pas de patience!!!!<br /> <br /> <br /> Et puis, heu... tu sais ce que je vais dire... :p
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