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Le petit monde de Greg
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25 août 2005

Le calice des brumes V

Félois tournait en rond dans le petit salon attenant à sa chambre. Sa sœur, Siléa, l’observait en silence. Elle avait entendu les rumeurs et était venu aussitôt le trouver. Ils avaient parlé longtemps. Elle connaissait bien son frère. Assez pour savoir qu’il lui pesait de rester inactif dans l’attente d’une hypothétique attaque.
« Félois, dit-elle enfin, essaie de te calmer. Les mages ont encore du pouvoir et tout espoir n’est pas perdu… »
Le prince émit un son qu’elle prit pour un ricanement d’ironie puis il se tourna vers elle. Ses yeux flamboyaient quand il lui répondit.
« Tout le royaume se réfugie derrière une vieille prophétie poussiéreuse en espérant que les mages savent encore de quoi ils parlent. Mais les mages ont faillit ! La cité des brumes est tombée et plus rien ne sépare Méragor du pouvoir absolu. Si nous n’agissons pas, nous sommes perdus… » Il s’affala alors dans un fauteuil et poussa un profond soupir. « Mais que faire… »
Siléa eut un petit sourire. « Nous avons, toi comme moi, des contacts bien placés, dit-elle. Peut-être pourrions-nous dénicher quelque information utilisable… »
Son frère la dévisagea un moment, cherchant ce qu’elle voulait dire. « Où veux-tu en venir ? demanda-t-il finalement.
« Le Calice n’a pas toujours été gardé dans le Cité des Brumes. Il fut un temps où il se trouvait ici, à Caldéa. Il doit bien en exister des traces…
_ Mais cela fait huit siècles ! coupa le prince qui reprenait espoir malgré tout. Et les mages ont fait disparaître toutes les informations écrites. »
Cette fois, Siléa se mit à rire franchement. « Enfin, Félois ! s’exclama-t-elle. Tu connais les mages ! Tu ne crois pas sérieusement qu’ils se seraient privé du plaisir de conserver quelques secrets… Peut-être nos mages d’aujourd’hui ne savent-ils pas où se trouve la Cité des brumes. Mais je suis prête à parier que quelques uns à l’époque possédaient l’information… Je crois qu’il faut essayer. »
Elle n’eut pas besoin d’insister longtemps. Félois avait besoin d’agir et, s’il fallait enfreindre pour cela quelques lois, il était prêt à le faire. Ils décidèrent que la princesse se rendrait au temple, s’entretenir avec la prêtresse, tandis qu’il rendrait visite à l’un de ses plus vieux amis.

Le soleil venait de disparaître derrière les collines qui surplombaient la ville. L’obscurité s’installait doucement pour la nuit et chacun regagnait son foyer. La ville s’endormait mais l’excitation des festivités à venir était toujours papable. Jusque dans le quartier des mages.
Prés du rempart nord, Arlon, qui revenait du Temple, ne put s’empêcher de sourire en croisant un groupe de jeunes adolescents qui gambadaient dans les rues. Le printemps et les fêtes du renouveau avaient toujours eu cet effet sur les habitants du royaume. Voir que la nature conservait encore un peu de son immuabilité rasséréna le jeune mage.
Il tourna au coin de la rue et s’immobilisa soudain. Une ombre venait de bouger prés de la porte de son petit appartement. Il scruta l’obscurité. C’était là un réflexe d’homme ordinaire qui le fit sourire à nouveau. Il disposait d’autres moyens.
Fermant les yeux il partit chercher au fond de lui cette petite flamme qui ne le quittait jamais et projeta son esprit en avant, tâtonnant pour aller toucher la présence suspecte. Le contact se fit. Et il se détendit avec un soupir avant de se remettre à marcher.
« Tu peux te vanter de m’avoir fais peur, dit-il en arrivant prés de sa porte. » Il ouvrit pendant que son visiteur sortait de l’ombre.
« Aurais-je réussi à effrayer l’un de nos plus puissants mages ? demanda Félois, le sourire aux lèvres.
_ Entre avant d’épuiser ton réservoir d’âneries ! rétorqua Arlon en le laissant passer. »
A l’intérieur ils installèrent le feu dans l’âtre et s’attablèrent autour d’un pichet de vin d’Aquines.
« Si tu voulais me voir, déclara Arlon après quelques gorgées, tu aurais pu me rejoindre au temple. Vu les derniers évènements, tu aurais dû savoir que je m’y trouverais. »
D’après l’expression que son ami portait sur le visage, Félois sût que le but de sa visite n’était plus un secret. « Je n’avais pas très envie que les autres mages me remarquent, répondit-il pour la forme. »
Arlon posa son verre avant de reprendre, les yeux rivés à ceux du prince : « Ecoute, nous nous connaissons depuis assez longtemps pour parler sans détour. Pour être honnête, j’aurais été surpris de ne pas te voir ce soir. Je sais ce que tu veux mais je ne peux rien pour t’aider. Personne ne sait où se trouve la cité des brumes et, même si cette information existait quelque part, je ne pourrait certainement pas y accéder et encore moins t’en parler. »
Le message était clair. Félois ne s’attendait pas à autre chose. Mais il n’allait pas s’avouer vaincu aussi facilement. Il adopta une autre approche.
« Qu’est-ce que tu penses de la question ? demanda-t-il. Entre nous, est-ce que tu crois vraiment que le secret de la cité s’est perdu avec la cité elle même ? Il fut un temps où le Calice séjournait dans le Temple de Caldéa… N’en reste-t-il vraiment aucune trace ? »
La tirade s’était largement inspirée du discours que lui avait tenu Siléa et Félois remercia les dieux de la finesse d’esprit de sa sœur.
Arlon observa un moment son ami avant de répondre : « Je n’en sais rien. Pour tout dire, j’ai souvent pensé que quelqu’un avait pu garder la trace de ce qui est advenu à cette époque. Mais, même si c’est le cas, je ne vois pas comment retrouver cette trace. »
Félois allait parler mais il se ravisa, retenu par une étrange intuition. Et il en fut heureux car le mage repris au bout de quelques instants, le regard plus vague. Félois jubilait. Son ami réfléchissait à la question. Il avait gagné.
« A l’époque, les cérémonies du renouveau ainsi que les 4 sacrements primordiaux avaient tous lieu dans le dôme du Temple. Nos célébrations aujourd’hui n’en sont qu’un pâle souvenir. Tout ce qu’on sait, c’est que l’invasion des Mélaras a motivé la création de la caste des Gardiens. Les Mages et les Mages Gardiens ont mis en place une série de protections qui visaient à garantir l’intégrité de la magie dans notre monde. »
Félois savait tout cela mais il écoutait son ami avec attention, en prenant garde à ne pas interrompre le cours de ses pensées. Il avait frissonné à l’évocation des Mélaras, ces démons marins d’un autre temps, mais il n’avait pas bronché. Si une information subsistait de cette époque, Arlon la trouverait.
« Selon la légende, continuait Arlon, si la Cité doit tomber entre des mains ennemis, une aide nous viendra de l’Autre Monde. C’est cet événement que nous attendons. Le problème c’est que personne ne sait comment l’aide viendra. Ni si Gréolf a pu faire ce qu’il faut pour qu’elle vienne. »
Il se tût un moment, perdu dans ses pensées. Félois crût un instant qu’il avait terminé. Mais soudain, le visage du mage perdit ses couleurs. « Non ! s’exclama-t-il. Ce serait trop simple…
_ Quoi ? demanda Félois, soudain plein d’espoir.
_ Feldorf, le Grand Mage, a fait poster des gardes devant une partie de ses appartements privés…
_ Rien de bien surprenant aux vues des évènements… »
Arlon regarda son ami dans les yeux avant de lâcher : « Il a fait poster des gardes devant sa bibliothèque privée ! »

A suivre...

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