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Le petit monde de Greg
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6 mai 2005

Vue du Ciel...

L’avion s’est immobilisé un instant sur la piste puis ses réacteurs ont rugi et il s’est élancé. Et alors qu’il quittait le sol, chaque fibre de mon corps s’emplissait de cette puissance fabuleuse et terrible qui nous arrachait à la gravité.
Ivresse, vertige, et soudain panique. Dans ce déchaînement de force, le surnaturel de la chose s’imposa aux parties les plus anciennes de mon âme. En un instant la raison fut balayée. Plus de statistique, plus de chiffre. Seulement l’unique et profonde certitude s’accrochant à mes pensées comme une lancinante idée fixe : l’homme ne vole pas !
Mes mains s’accrochaient aux accoudoirs de mon siège, tentative dérisoire de retrouver un semblant de contrôle sur mon destin. Mais aucune des rassurantes théories que j’invoquais n’avait de prise. J’étais enfermé dans cet oiseau de métal qui, sans la force de ses réacteurs, savait aussi bien voler qu’un gros fer à repasser.
La raison n’était d’aucun secours. Je m’accrochais au rêve. Pas plus qu’un rêve de gosse mais il avait à lui seul le pouvoir de me maintenir en l’air. Mon corps ressentait toujours la puissance des moteurs et je m’imaginais aux commandes. Je volais. Et cette action contre nature se changea en miracle. La sangsue qui s’accrochait à mes pensées depuis le décollage finit par lâcher prise. L’équilibre se fit, la conscience revenait.
Dehors le soleil jouait sur les dunes blanches et cotonneuses qui s’étendaient sous l’appareil. Par moment, un coin de terre apparaissait entre ces îlots blancs. Un autre vertige m’étreignait. Par un rare miracle issu de quelque volonté supérieure et bienveillante, ce paysage de rêve s’offrait à mes yeux de simple humain. Ces mêmes yeux qui n’auraient su voler sans cet oiseau rugissant. Grand Dieu ! Que de beauté et de grâce en ce monde. Un instant, un simple instant suspendu dans le ciel et dans ma vie. Un instant si précieux que mon cœur s’emplit d’un amour profond pour cette planète. Ma planète. Ce monde qui m’avait si longtemps bercé et nourrit sans que je prenne le temps de lui être seulement reconnaissant.
Mes mains reposaient sur les accoudoirs et mes yeux se sont embués. Autour de moi les autres passagers dormaient ou essayaient de prendre de l’avance dans leur journée de travail, l’un dans son journal, l’autre sur son ordinateur. Ils scrutaient leur montre comme si leurs yeux avaient le pouvoir de pousser l’avion plus vite.
Dehors le monde déployait des trésors de beauté, ignoré de tous. A ce moment j’ai pu remercier le ciel d’avoir guidé mon regard vers ces merveilles. Je le remercie encore car je n’ai plus besoin de lourds réacteurs pour les voir.

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Commentaires
C
Je comprend bien ce que tu dit,je l'ai vécu aussi.
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J
j'aime bien le style de l'ecriture. la chute m'as un peu surpris aussi.<br /> continue comme ca !!
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H
j'aime beaucoup!!!!!<br /> C'est très bien ecrit, et très bien mis en forme!<br /> bravo
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